Les Plans du Pélican



Recherche-création en humanités environnementales
                         /
Research-creation in Environmental Humanities

                     ~~~

Qui nous sommes
/ Who we are

    Jeremie Brugidou
    Filmmaker
    Writer
    Ph.D. in Arts 

    Fabien Clouette
    Filmmaker
    Writer
    Ph.D in Sociology

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Recherche-création

    Research / Recherche

    Bioluminescence

    Océan

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PROJETS

Projet 1 : Lumière de la mer (Marseille, 2022)








DESCRIPTION


À l’occasion des trente ans de la Journée Mondiale de l'océan, Jeremie Brugidou propose une installation sous-marine inédite de bioluminescence (la lumière produite par les organismes vivants). Dix globes hermétiques contenant des bactéries bioluminescentes présentes en Méditerranée (Photobacterium phosphoreum ANT-2200) et mises en évidence par le MIO (Institut Méditerranéen d’Océanologie) seront suspendues en pleine mer. Les globes seront placés de sorte à être accessibles et visibles depuis le bord : ils flotteront à la surface et formeront un cercle de lumière bleue.

Exceptionnellement, lors de la soirée du 8 juin, nous immergerons les sphères pour créer un éclairage bioluminescent du musée. Les dix globes permettront alors d’éclairer les sculptures de la galerie sous-marine grâce à la lumière produite par le vivant. Le public pourra ainsi évoluer dans le musée de nuit et rencontrer peut-être divers animaux curieux de cette lumière. Cette installation vise à éveiller par l'expérience corporelle un imaginaire de "l'océan profond".  Ce projet culturel sera accompagné d’une campagne de sensibilisation et d’information au niveau de la plage des Catalans, incluant une tente de découverte pour les plus jeunes animée par des experts du MIO.

Ce projet vise des objectifs esthétiques, scientifiques, écologiques et pédagogiques. Il s’agit d’abord d’offrir une perspective toute nouvelle sur les œuvres du Musée, déjà colonisées par des micro-organismes marins. Grâce aux sociétés Clem et Madreperla nous avons créé des réceptacles sous-marins 100% recyclés et recyclables pour contenir les bactéries. L’œuvre bioluminescente permettra de sensibiliser sur la biodiversité de l’océan profond. En effet, la bioluminescence bactérienne est une lumière attractive dans l’océan car elle signale la présence de nourriture pour la faune, en particulier dans les zones profondes.

L’objectif est de sensibiliser et de faire parler de l’océan, et notamment des écosystèmes sous-marins profonds menacés par l’exploitation industrielle du fait notamment de leur situation « loin des yeux ». Cette œuvre vise à les rapprocher littéralement de nos yeux grâce à la lumière bactérienne des abysses.

Ainsi ce projet se pense dans une temporalité longue, où progressivement nous parviendrons à respecter l’ensemble des zones de vie, même les plus lointaines. Les sphères, telles de petites planètes bleues, sont autant d’habitats qui se pensent toujours au-delà de l’humain, à l’intersection de l’humain, du milieu et des autres formes de vie pour une relation durable avec la mer et sa biodiversité.

Le MIO, laboratoire de recherche océanologique partenaire du projet, mène actuellement des recherches importantes sur l’océan profond, les cycles du carbone, et l’influence sur le climat. La bioluminescence joue un rôle clé dans la circulation du carbone et cette œuvre est l’occasion de replacer l’océan profond au cœur des préoccupations malgré sa situation loin des yeux.  

Avec cet évènement nous souhaitons plonger l’humain au cœur des cycles lumineux du vivant.

Ce projet est mené en partenariat avec le MIO (UMR AMU, CNRS, IRD, Université de Toulon) et l'IMéRA, Institut d'études avancées d'Aix-Marseille Université et co-produit par le Musée subaquatique.


TESTS










Pour en savoir plus :


LUMIERE DE LA MER - Journée Mondiale des Océans 2022 : making of
https://vimeo.com/729897238

Création visuelle et sonore avec Olympia Boyle pour Scientifica, une journée Arts&Sciences
https://vimeo.com/721423610

Palm, le magazine du Jeu de Paume
https://jeudepaume.org/photogenies-transpeces-jeremie-brugidou/

Arte - Gymnastique : vivons nous dans le monde d'Avatar ? 
https://www.arte.tv/fr/videos/105628-043-A/gymnastique/

France 3 Provence/Alpes : 
https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/art-contemporain/a-marseille-la-bioluminescence-au-coeur-dune-performance-artistique-sous-marine_5181481.html

France 5 Echappées belles S17 : Les voyages de Saint-Exupéry
https://www.france.tv/france-5/echappees-belles/echappees-belles-saison-17/4177624-les-voyages-de-saint-exupery.html


IRD
https://www.ird.fr/exposition-lumiere-de-la-mer-une-installation-bioluminescente-marseille
IMéRA
https://imera.univ-amu.fr/fr/lumiere-mer-installation-bioluminescente-au-coeur-du-musee-subaquatique
Made in Marseille
https://madeinmarseille.net/112061-exposition-biolumiscente-musee-subaquatique/



NOTES DE RECHERCHE




Ce projet de recherche-création vise à faire émerger un terrain d'étude commun aux productions gestuelles humaines et non-humaines dans l'océan à l'heure de la crise environnementale, sociale et mentale que nous traversons. Depuis ma thèse en cinéma, je travaille avec la bioluminescence, la lumière produite par les organismes vivants. Mon projet consiste à analyser le patrimoine culturel subaquatique du point de vue de ses temporalités multiples et ainsi de proposer une approche trans-temporelle de l'art afin de pouvoir l'aborder également dans un perspective spéculative : le devenir de l'art après les catastrophes environnementales.

Je propose d'une part de décrire les dynamiques figurales des musées subaquatiques et de créer des installations bioluminescentes au cœur de ceux-ci afin de créer une cristallisation éthologique des enjeux figuraux. La question est celle de l'entropie patrimoniale et de l'anthropie environnementale : les gestes "culturels" de l'humain se dégradent-ils ou au contraire s'enrichissent-ils dans l'océan ? Quels devenirs de l'art révèlent-ils ?

J’ai commencé à l’été 2021 par le musée subaquatique de Marseille et j’ai créé, en collaboration avec l'Institut Méditerranéen d'Océanologie (MIO), un dispositif lumineux avec des bactéries bioluminescentes prélevées dans le milieu afin d'éclairer de nuit le musée. Cette installation pourra ensuite être reconduite dans différents musées subaquatiques du monde ou autres hauts lieux patrimoniaux de plongée comme les habitats sous-marins de Jacques Cousteau en mer rouge.

Depuis mon travail de recherche en thèse, je m'intéresse aux implications que pourraient avoir un autre modèle lumineux : la bioluminescence revêt une toute autre phénoménologie que la lumière blanche et engage une écologie biomédiatique très différente. Elle engage la notion même de figure et de figurabilité avec les propriétés de la lumière, du milieu et une nouvelle approche du geste signifiant avec une biosémiotique incarnée. C'est une recherche ancrée dans la théorie médiatique des images. La lumière et sa phénoménologie sont déterminants dans nos rapports aux images, depuis l'art de l'observateur jusqu'aux formes symboliques et autres structures a priori de la représentation. L'ancrage dans les musées subaquatiques produira un cas exemplaire afin de décrire d'autres situations de l'art et d'inventer de nouvelles notions critiques en esthétique inspirées par les dynamiques océaniques.

En créant des dispositifs bioluminescents au sein de musées faisant office de récifs artificiels de colonisation, nous pouvons favoriser des territoires relationnels humains/non-humains dans l'océan. Ainsi mon projet s’inscrit dans une réflexion sur les modes d’habiter qui se pensent toujours au-delà de l'humain, à l'intersection de l'humain, du milieu et des autres formes de vie.

Les sculptures des musées subaquatiques sont certes des espaces de déambulations pour les adeptes de la plongée sous-marine, mais elles font également office de récif artificiel pour les micro-organismes marins locaux qui colonisent les œuvres. Mon installation vise à renforcer cet aspect en attirant une faune locale plus importante. En effet, la bioluminescence est un phénomène attractif dans l'océan puisqu'elle est signal de nourriture. Elle est au cœur des dynamiques et de la biodiversité sous-marines.




Le sujet de ce programme de recherche est celui du devenir patrimonial des productions culturelles humaines lorsque celles-ci s'intègrent au sein d'un milieu plus-qu'humain. Dans un contexte de montée des eaux, de raréfaction des ressources à la surface des continents, de crise des écosystèmes planétaires et d'un développement sans précédent de la conquête spatiale avec des perspectives de civilisations humaines hors-Terre, la question des conditions de possibilité et du devenir de l'art se pose de manière inédite. Notre histoire de l'art actuelle, au moins en Occident, est une histoire non seulement essentiellement masculine et blanche, mais aussi terrestre, solaire, aérienne. Elle repose sur certaines propriétés de propagation des ondes (lumineuses, sonores,...) dans notre milieu de vie : l'air et le sol éclairé par une source de lumière homogène blanche. Qu'en sera-t-il de l'art dans les prochains siècles voire millénaires si les milieux de vie de l'humain viennent à changer drastiquement ? C'est une question théorique et spéculative très difficile à appréhender, pourtant elle permet de poser de toutes nouvelles questions au "patrimoine", paradoxalement en regardant non pas vers le passé, mais vers les futurs possibles.

Qu'en sera-t-il du futur-antérieur de notre patrimoine et de la notion même de patrimoine ? Ce projet explore les processus conjoints de la figuration, de la défiguration et de la refiguration avec d'un part des oeuvres sculpturales soumises aux conditions sous-marines, et d'autre part des bactéries sous-marines soumises à des conditions anthropisées (design) afin de favoriser leur luminescence naturelle. La figuration incarne une certaine temporalité de la création et de la vie humaine ; la défiguration est symptomatique d'une temporalité entropique diffractée ; la refiguration fait appel à une temporalité cyclique : rythme circadien, saisons, courants. L'oeuvre submergée révèle ces trois temporalités de manière explicite, mais l'enjeu de ce programme est bien de repérer ces processus au travail dans toute forme d'art dès lors que l'on accepte de décloisonner les "choses du domaine de l'art" hors de la seule préoccupation et temporalité humaine.

Trois formes de la temporalité se superposent ici : le temps linéaire et compact d'une oeuvre ou d'une vie humaine, le temps long et diffracté des biotopes, le temps cyclique des unités de vie à différentes échelles (organisme / milieu / monde). En apportant des bactéries luminescentes à l'intérieur des musées subaquatiques, je mets le doigt sur cet enjeu de la temporalité dans nos concepts en histoire de l'art. Les bactéries se développent dans un milieu de culture, un bain nutritif, dans une sphère de ma confection. Elles ont un rythme de luminosité de 24h avec un pic maximal entre 12-14h de mise en culture. Leur lumière suit un cycle circadien et toutes les 24h il faut renouveler le bain afin de recréer une colonie lumineuse.

En m'intéressant à la bioluminescence, je m'intéresse à un en-dehors de la lumière humaine, autrement dit, j'offre une perspective hétérogène sur ce medium dans lequel nous baignions et que paradoxalement nous ne voyons pas : la lumière blanche rectiligne et diffuse. Pourtant cette lumière structure notre rapport à l'espace et au temps, aux images et à l'altérité. La notion même de figure est imprégnée d'une certaine trajectoire de la lumière ; je propose d'ouvrir la figure à la bioluminescence.

En me plaçant au sein des musées subaquatiques j'interroge très directement une double perspective temporelle : celle de la culture humaine (ici occidentale) et celle de l'évolution du vivant. C'est un enjeux crucial à l'ère de l'Anthropocène de parvenir à saisir ensemble ces deux dimensions. Nous commençons à bien connaître les effets (souvent délétères) de nos lumières sur les autres espèces, mais qu'en est-il lorsque le projecteur se retourne et que la lumière des autres formes nous éclaire ? Qu'est-ce que cela change à notre rapport aux images, au milieu, au vivant ? Comment créer des productions d'intérêt commun, lorsque ce commun comprend l'ensemble des espèces vivantes d'un milieu donné ? Qu'est-ce que cela fera à la figure humaine ?